CO-CRÉER LE CHANGEMENT

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Quelle vérité croire ?

Une des caractéristiques de notre époque – et du développement de la technologie – est l’énorme quantité d’informations de toutes sortes que nous avons à notre disposition. Je pense à tous les livres qui sont sur le marché, les journaux et revues, les rapports, thèses et études, l’internet et ses millions de sites, les films et vidéos, les programmes de radio et télévision, la publicité et la pro­pagande, les salons et expositions, les cours, séminaires, conférences, ateliers, enseignements…

Si l’on imprimait toutes ces informations et qu’on en faisait une pile, elle serait plus haute que la distance de la terre au soleil. Même si nous y passions toute notre vie, nous ne pourrions lire ou étudier qu’une infime partie de toutes ces connaissances. Nous pouvons nous demander lesquelles de ces informations nous sont vraiment utiles, et dans quelle mesure elles nous aident à trouver plus d’harmonie, de paix et de bonheur dans notre vie. Une autre question que nous pouvons nous poser est de savoir lesquelles de ces informa­tions sont vraies et lesquelles il faut croire.

Curieusement, il y a deux mille cinq cents ans – à une époque où rares étaient ceux qui savaient lire et écrire, et où la technologie audio-visuelle n’existait pas –, les gens se posaient déjà les mêmes questions. Les habitants de la ville de Kesaputta, en Inde, – les Kalamas – voyaient passer de nombreux maîtres spirituels qui, tour à tour, leur exposaient leur doctrine. Ils affirmaient qu’elle était la seule vérité et que celles de tous ceux qui étaient passés avant ou qui passeraient après étaient fausses. Comme chacun disait la même chose, mais que leurs doctrines étaient différentes et souvent contradictoires, les Kalamas ne savaient plus qui croire. Un jour, le Bouddha passa, lui aussi, à Kesaputta, et les Kalamas décidèrent de lui demander ce qu’ils devaient croire. L’ensei­gnement que le Bouddha leur donna ce jour-là s’appelle le Kalama Sutta. Il est tout aussi approprié pour nous, aujour­d’hui, qu’il l’était pour les Kalamas, il y deux mille cinq cents ans.

Le Bouddha leur a conseillé de ne jamais rien accepter ou croire immédiatement et aveuglément, et d’éviter d’être les esclaves intellectuels de qui que ce soit, y compris du Bouddha lui-même. Il a alors cité dix formes d’informations qu’il ne fallait ni accepter ni croire aveuglément.

1.      Les croyances et les superstitions populaires. Le simple fait qu’elles sont transmises de génération en génération n’implique pas qu’elles soient vraies.

2.      Les traditions. Elles sont nées parce que les gens imitaient ce que d’autres faisaient, et elles sont devenues des habitudes.

3.      Les nouvelles et les rumeurs. C’est ce que les gens racontent, et ce qui est transmis par les médias.

4.      Les écritures. Le fait que quelque chose est écrit, imprimé ou publié n’est pas une preuve de sa véracité.

5.      La logique et le raisonnement. Ils peuvent conduire à des conclusions erronées si les données de base ou les méthodes de raisonnement sont fausses.

6.      Les doctrines philosophiques ou scientifiques. Elles n’envisagent généralement que des points de vue limités et relatifs.

7.      Les idées qui s’accordent avec notre propre bon sens et nos habitudes de pensées. Elles peuvent être erronées.

8.      Les idées qui confirment nos propres théories et nos opinions personnelles préconçues. Elles peuvent être fausses.

9.      Les paroles d'un orateur qui semble crédible. Ne nous basons pas sur les apparences extérieures. C’est aussi valable pour toutes les informations qui semblent vraies à cause de la manière dont elles sont présentées, en particulier la publicité et les informa­tions audio-visuelles transmises par la télévision et l’informatique.

10.   Les paroles de son propre maître. Lorsqu’il enseignait, le Bouddha demandait toujours à ses disciples de contempler attentivement les conseils qu’il leur donnait, de les expérimenter et d’en exa­miner les résultats avant de les croire.

Vous pouvez ajouter à la liste ce qui est écrit dans ce livre. C’est une expression de ma vérité au moment où j’écris ces pages, une vérité qui a peut-être déjà changé depuis…

Il est curieux de constater que dans les pays communistes et sous les régimes totalitaires, la population a toujours su que tout ce qu’on lui racontait était de la propagande, alors que dans nos démocraties capitalistes, la plupart des gens croient que les médias leur disent la vérité.

Si nous voulons rester libres, évitons de devenir les esclaves des idées, des doctrines, des croyances, des théories d’autrui, et de toutes les informations qui nous assaillent quotidiennement de tous côtés. Avant de croire, et avant d'arriver à toute conclusion définitive, écoutons, examinons, analysons, contemplons, vérifions et, surtout, pratiquons et expérimentons ces idées pour nous-mêmes. Faisons appel aux qualités de notre cœur, l’intuition, la compassion et la sagesse.

Le plus important est de voir quel résultat cette information, cette idée, cette théorie, peut avoir sur notre vie, sur celle de nos proches, sur la société, sur la terre. Est-ce qu’elle nous apporte plus de paix, plus d’amour, plus d’harmonie ? Est-ce qu’elle allège les souffrances, réduit les inégalités, résout les conflits, protège l’environnement, participe à l’avènement d’un monde meilleur ? A qui profite-t-elle ? Aux intérêts d’une minorité égoïste qui cherche le profit et le pouvoir, ou au bonheur de tous les êtres ?

Le bon côté de la situation actuelle du monde – et de la globalisation de l’information – est de nous montrer que nous ne pouvons plus nous fier aveuglément à aucune source extérieure d'information, mais seulement à la source inté­rieure de sagesse qui est dans notre cœur. Nous découvrons un état de complète incertitude, dans lequel il n'y a plus une vérité, mais une forme de vérité plurielle, où plusieurs scénarios parallèles existent en même temps et où le paradoxe semble être la règle. En fait, le vieux paradigme basé sur la dualité de juste et faux, bien et mal, blanc et noir… et sur nos croyances ancestrales s'effondre complè­tement. Nous ne pouvons plus trouver aucun terrain extérieur solide et fiable sur lequel établir nos jugements, nos opinions et nos croyances.

Dans l’absolu, toutes nos vues et nos opinions sont fausses, car elles sont toutes colorées par nos désirs et nos craintes, et par l'illusion de notre propre ego. La vue juste, c’est n'avoir aucune opinion ; et suivre le chemin du milieu qui évite les extrêmes de toutes les vues dualistes. Elle est la transcendance du bien et du mal, l'état de complète incer­titude. C’est seulement en l’absence de tout concept et de toute opinion que nous pouvons nous ouvrir à la vérité du moment présent, accepter les choses telles qu’elles sont, et agir spontanément en écoutant la sagesse du cœur, la grande compassion pour tous les êtres vivants.

N’oublions pas que la sagesse doit précéder la foi, pas seulement dans le domaine spirituel, mais dans toutes les circonstances de notre vie et du monde.


Ce texte est un chapitre du Guide du bonheur pour le troisième millénaire, de Pierre Wittmann.

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829 Lumière bleue

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